Sophie Daumier : 24/11/1934 – 01/01/2004

Sophie Daumier

Elisabeth Simonne Juliette Clémence Hugon

Date de naissance : 24-11-1934
Date de décès : 01-01-2004
Cimetière : Cimetière du Père-Lachaise, 16 Rue du Repos 75020 Paris

Sophie Daumier (Elisabeth Simonne Juliette Clémence Hugon), né(e) le 24-11-1934, est décédé(e) le 01-01-2004. Son corps est enterré au Cimetière du Père-Lachaise à Paris

Sophie Daumier, entre rires et larmes.

Comédienne française, Sophie Daumier a vu le jour dans le Pas-de-Calais, à Boulogne-sur-Mer. Elle est née sous le nom de Elisabeth Simonne Juliette Clémence Hugon.

Elle côtoie le monde artistique dès son plus jeune âge puisque son père, le compositeur Georges Hugon dirige l’école de musique de Boulogne-sur-Mer. Attirée par la danse dès son plus jeune âge, la toute jeune fille suit des cours au célèbre théâtre du Châtelet à Paris. La jeune danseuse faisant preuve d’un certain talent, est sollicitée pour partir en tournée avec une troupe de ballet, c’est alors qu’elle prend son premier pseudonyme. Elle s’appellera désormais Betty Hugon, un nom dont la consonance américaine lui plaît.

Des airs de Brigitte Bardot

Son visage de poupée surmonté d’une épaisse chevelure blonde lui donne des airs à la Brigitte Bardot, alors très en vogue, et la jeune femme va en jouer. C’est grâce à ce physique (recherché à l’époque), qu’on lui propose de devenir chanteuse fantaisiste dans le cabaret « La Nouvelle Eve ». Intéressée par cette nouvelle casquette, elle accepte et change alors de pseudonyme, elle répond maintenant au nom de Betty Laurent. Peu de temps après cette expérience de chanteuse de cabaret, Sophie Daumier monte sur les planches et sera notamment dirigée par Pierre Dux.

Très vite, le cinéma lui fait les yeux doux et, en 1955, alors qu’elle vient de fêter ses 21 ans, la jeune comédienne tourne dans son premier long métrage, « Paris canaille » de Pierre Gaspard-Huit. Nouvelle expérience, nouveau nom, cette fois elle se nommera Betty Daumier.

Huit ans et quelques douze films plus tard, l’actrice est sollicitée pour participer à « Carambolages », un film de Marcel Bluwal où elle campe le rôle de Solange. Elle partage l’affiche avec deux acteurs renommés qui  sont Jean-Claude Brialy et Louis de Funè.

La rencontre avec Guy Bedos

Cette même année, en 1963, elle tourne également dans « Dragées au poivre », un film de Jacques Baratier où elle joue aux côtés de Claude Brasseur, Jean-Paul Belmondo et Francis Blanche, entre autres noms connus.

Sur le plateau du tournage, l’actrice rencontre également Guy Bedos. Elle a un fils, Philippe, auquel elle a donné naissance en 1954 ; ce dernier alors âgé de neuf ans interprète l’une des chansons de la bande originale du film. Toujours en 1963, la comédienne joue pour la sixième année consécutive le rôle d’Alexa dans la pièce de théâtre de Marcel Achard intitulée « Patate ». C’est cette interprétation qui lui vaut une véritable percée au théâtre. Sur le conseil de Marcel Achard, la comédienne change une nouvelle fois de pseudonyme et ce sera la dernière fois, son nom de scène sera, de façon définitive Sophie Daumier.

Quelques mois plus tard, lors du spectacle de « Milord l’Arsouille », la comédienne retrouve Guy Bedos et c’est à ce moment-là qu’une idylle naît entre les deux jeunes acteurs. Duo à la ville, ils le deviennent également à la scène en interprétant les sketchs, devenus cultes, de Jean-Loup Dabadie. Ce partenariat professionnel dure une dizaine d’années sans que le succès ne soit démenti.

Une carrière stoppée à cause de la maladie de Huntington

La fin des années 70 marque un véritable tournant pour l’actrice puisqu’elle divorce de Guy Bedos et freine considérablement sa carrière avant d’y mettre un terme définitif. En effet, atteinte de la maladie de Huntington, elle doit se résoudre à abandonner ce métier qu’elle aime et qu’elle exerce pourtant avec une grande passion.

En effet, la maladie de Huntington entraîne chez elle une dégénérescence neurologique occasionnant de très importants troubles moteurs et cognitifs, jusqu’à la rendre totalement dépendante. Elle meurt de cette maladie lors du réveillon de la Saint-Sylvestre en 2003, elle a alors 70 ans. Elle est enterrée au cimetière du Père-Lachaise le 1er janvier 2004.

L’actrice aura donc eu une carrière qui a duré presque trente ans. Elle a tourné au total dans 27 long-métrages et interprété trois rôles au théâtre.

A cette carrière bien remplie s’ajoute une série de faits marquants appartenant à la sphère privée et/ou publique ; évènements marquants qui ont fait de l’actrice la femme exceptionnelle qu’elle était.

Entre les amours médiatisés, les rôles humoristiques qui la mettent au-devant de la scène et la maladie dont elle est atteinte, l’actrice se forge une image bien à elle, celle d’une jeune femme qui vibre au son de ses propres convictions et qui avance selon ses propres choix.

Sophie Daumier et Guy Bedos

En 1963, Sophie Daumier rencontre l’acteur Guy Bedos sur le tournage du film « Dragées au poivre », elle l’avait néanmoins déjà croisé au théâtre, dans la pièce « Cyrano ». Guy Bedos, qui joue alors beaucoup de son humour inné pour séduire, s’en sert auprès de la jeune actrice. Cette dernière n’est en effet pas insensible à son caractère cinglant mais ça n’est pourtant pas sur ce plateau que leur idylle commence. Ce n’est que quelques mois plus tard, lors du spectacle de « Milord l’Arsouille », que les deux jeunes gens se croisent à nouveau et laissent libre cours à leur attirance réciproque. Commence alors une histoire d’amour, faisant d’eux l’un des couples français les plus célèbres de cette décennie. Les deux acteurs officialisent légalement leur relation par un mariage en 1965. Ils franchissent le pas à la demande de Sophie. Guy Bedos, toujours à la demande de l’actrice, reconnaît son fils Philippe.

Un couple qui séduit

Les deux acteurs décident de travailler ensemble et se lancent dans l’interprétation de sketchs célèbres écrits par Jean-Loup Dabadie, comme « La Drague, Tête-bêche et Les Vacances à Marrakech ». La recette fonctionne à merveille et le duo remporte un franc succès populaire auprès du public français, jusqu’à devenir son duo d’humoristes favori. Leur humour impertinent qui ne cherche jamais à brosser dans le sens du poil, met un point final à la génération des Fernand Raynaud et ouvre grand la route à celle des Desproges. L’engouement du public français est tel que l’un de leur sketch, « la drague », sort en 45 tours à l’instar des tubes musicaux de l’époque. Ce dernier cartonne dans les hit-parades et il est même diffusé en discothèque ! Nul humoriste n’avait réussi cette performance avant eux.

Une naissance et un divorce

Après dix années de partenariat professionnel, les deux comédiens ne sont plus tout à fait en phase et bien qu’ils éprouvent une énorme affection l’un pour l’autre, les liens se distendent. L’actrice met au monde une petite fille nommée Mélanie mais cette naissance ne renforce pas les liens du couple puisque ce dernier met un terme à son histoire par un divorce, l’année même de la naissance de Mélanie, en 1977.
Les deux anciens époux restent néanmoins liés d’une tendresse réciproque.

A la mort de l’actrice, Guy Bedos confie : « Quand on m’a annoncé qu’elle était morte… Je n’aime pas ce mot, le dire, je n’y ai pas cru… Je n’y crois pas parce que c’est pas dans son style de mourir… ».

Cette relation avec Guy Bedos lui a certes procuré une importante notoriété mais l’actrice a su camper, seule, des rôles qui s’avérèrent emblématiques pour sa carrière.

Les rôles marquants de Sophie Daumier au théâtre et au cinéma

En 1957, le metteur en scène Marcel Achard monte la pièce intitulée « Patate » et offre à Sophie Daumier le rôle d’Alexa. La pièce remporte un tel succès qu’elle est jouée durant six années consécutives, six années de représentations auxquelles participent la comédienne. Ce rôle lui procure une véritable envergure et c’est grâce à celui-ci qu’elle réalise une véritable percée dans le domaine du théâtre. Le public est en effet très touché par la jeune première qu’elle est alors. Le rôle d’Alexa la consacre certes sur les planches, mais la pousse à refuser de nombreuses propositions qui lui viennent du cinéma.

Ainsi est-elle à l’époque perçue essentiellement comme une actrice de théâtre et non de grand écran. Dans certains articles de l’époque, « Patate » était considérée par les différents journalistes qui suivaient la carrière de la comédienne, comme étant un piège pour elle. La jeune femme était pour ainsi dire victime de son propre succès.

Différents rôles marquants au cinéma

L’actrice débute finalement au cinéma en 1956 avec un rôle dans le film « Paris Canaille » où elle joue, entre autres,  aux côtés de Daniel Gélin et Darry Cowl. Ce premier long-métrage est sans véritable envergure et c’est seulement deux ans plus tard qu’elle obtient un rôle intéressant.

Elle interprète en effet Colette Seguin, la fille de Félix et Maine (respectivement interprétés par Bernard Blier et Edwige Feuillère), dans le film d’Yves Allégret ayant pour titre « Quand la femme s’en mêle ». Ce long-métrage de type « série noire » est pour le moins loupé mais tout l’intérêt pour l’actrice est de camper le rôle de la première idylle cinématographique du futur numéro un du cinéma français : un dénommé Alain Delon.

En 1965, alors qu’elle poursuit sa carrière de jeune première du cinéma populaire, elle obtient le rôle de Monique dans le film de Jacques Deray intitulé « Par un beau matin d’été ». C’est l’occasion pour l’actrice de jouer aux côtés de l’autre numéro un du cinéma français, Jean-Paul Belmondo.

Son dernier rôle 

A la fin des années 70, alors atteinte de la chorée de Huntington, l’actrice met un terme à sa carrière et le tout dernier long-métrage auquel elle participe est « Les Givrés ». Elle y campe le rôle d’une femme que l’on nomme simplement l’Intellectuelle. Elle y joue aux côtés de Charles Gérard, Dora Doll et Jean Amadou. Ce film, qui est pour elle le dernier, est sans envergure et ne trouve pas de véritable résonance médiatique. C’est donc avec ce rôle sans épaisseur dans un film de seconde zone que l’actrice met un point final à sa carrière.

Un point final motivé par, on l’a vu, une grave maladie dont l’actrice est atteinte.

Sophie Daumier et la maladie de Huntington

Il est impossible de parler de Sophie Daumier et de sa carrière sans évoquer la maladie de Huntington puisque c’est à cause de cette dernière que l’actrice a dû se résoudre à arrêter son activité professionnelle, comme, du reste, toutes ses autres activités.

Cette maladie orpheline, l’actrice la côtoie tout d’abord à travers sa maman qui en est atteinte. Durant les années 70, alors que l’actrice connaît la gloire, celle qui l’a mise au monde affronte la dégradation physique et neuronale liée à la maladie. La comédienne épaule sa mère sans pour autant parler de ce qui la touche. Mais bientôt les médecins lui diagnostiquent cette maladie héréditaire, une maladie incurable dont on sait peu de choses à l’époque et dont, par conséquent, on ne parle pas.

L’actrice se bat pendant quelques temps mais la chorée de Huntington n’est pas une maladie contre laquelle on gagne. Aussi l’actrice n’a pas d’autres choix que de se faire une raison et diminuer sérieusement ses activités, jusqu’à y mettre un terme définitif à la fin des années 70. Commence alors pour elle un parcours de souffrance qui va durer pendant près de vingt ans.

Qui dit maladie génétique, dit maladie héréditaire, et l’actrice transmet malheureusement la chorée de Huntington à son fils Philippe que Guy Bedos a reconnu en 1965. Philippe rejoindra sa mère dans la tombe en 2010, soit six ans après elle.

Deux cris du cœur

Avant de se retirer totalement et de façon définitive, l’actrice pousse deux sortes de cris du cœur, cris liés à la maladie et au travers desquels s’exprime son désarroi face à ce mal qui la ronge à petit feu.

Tout d’abord son livre intitulé « Parle à mon cœur, ma tête est malade » qu’elle écrit en 1979 et dans lequel elle couche différents souvenirs teintés d’amertume. Pour se souvenir et pour que les autres se souviennent, Sophie écrit. Elle met ainsi 225 pages sur pied, qui sont publiées dans la foulée par les éditions Hachette.
Son deuxième cri, elle le fait entendre neuf ans plus tard, en 1988, lors d’une représentation de l’opéra rock « Starmania » mis en scène par Michel Berger et Luc Plamondon. L’actrice prend alors la parole et s’exprime en public pour lancer un appel afin de sensibiliser les gens à la maladie de Huntington et pour qu’une aide soit apportée aux victimes de cette maladie.

Actrice de théâtre, actrice de cinéma, chanteuse, humoriste, femme amoureuse, maman, fille dévouée, Sophie Daumier était une femme libre qui a mené sa vie avec la liberté qu’elle s’était choisie.

Une femme dont on ne peut qu’admirer le courage et le talent.

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